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La stratégie et tactique de la révolution démocratique, la révolution anti-impérialiste et la révolution socialiste en tant que leçon de la révolution d'Octobre

Parti marxiste-léniniste d'Allemagne MLPD, Message n° A05 pour le «Débat international sur Internet à propos de l'importance du Centenaire de la révolution d'Octobre», 30 Juillet 2017

 

Par son caractère, la révolution d'Octobre faisait partie de la révolution internationale et elle y fut attribuée par Lénine en pleine conscience, même si par la forme elle restait limitée à la Russie. Aujourd'hui également il faut intégrer chaque révolution dans la stratégie et tactique de la révolution socialiste internationale et dans son déroulement concret. L'essence spécifique de la révolution d'Octobre est, entre autres, déterminée par ses deux étapes : Elle s'appuyait sur la révolution démocratique de février contre la domination des tsars et accomplit la libération de la classe ouvrière de l'impérialisme russe en tant que révolution prolétarienne socialiste.

Lénine écrivit à ce sujet :

« Ce qu'il y a d'original dans la situation actuelle en Russie, c'est la transition de la première étape de la révolution, qui a donné le pouvoir à la bourgeoisie par suite du degré insuffisant de conscience et d'organisation du prolétariat, à sa deuxième étape, qui doit donner le pouvoir au prolétariat et aux couches pauvres de la paysannerie. » (Lénine, Œuvres t. 24, p. 12)

Seul le renversement du régime tsariste brutal rendit possible au mouvement ouvrier et de masse ainsi qu'au force organisée du parti bolchevique de se consolider pour la révolution prolétarienne. Ce ne fut que maintenant que se forma une majorité bolchevique aussi au sein des soviets qui mobilisait les ouvriers, le prolétariat agraire et les petits paysans pour la révolution prolétarienne.

La dialectique de la révolution démocratique et la révolution socialiste/prolétarienne est fondamentale. Dans les « anciens » pays impérialistes du monde les révolutions démocratiques ont été effectuées déjà au cours les siècles passés. Au siècle dernier, la plupart du temps, les pays exploités et opprimés par l'ancien colonialisme ont obtenu l'indépendance formelle à travers de violents combats démocratiques et révolutions. Mais ils continuaient à être exploités et opprimés par l'impérialisme au moyen d'un système de genre nouveau, le néocolonialisme.

Grâce à l'effondrement du bloc des pays bureaucratico-capitalistes un marché mondial unique vit le jour, et la nouvelle organisation de la production internationale devint un changement essentiel dans le système impérialiste mondial. Avec l'internationalisation des forces productives et la dictature du capital financier international dominant sans partage, dictature qui se répand sans cesse sur toute la planète, quelques pays anciennement sous dépendance néocoloniale évoluèrent en pays capitalistes ou même néo-impérialistes. D'autres furent tellement ruinés par l'impérialisme qu'ils n'ont même plus ni d'appareils d'État ni d'infrastructure. Mais aussi dans ces pays les travailleurs et les larges masses ont affaire avec le capital financier international dominant sans partage qui exploite ses matières premières et sa main-d'œuvre, accapare ses terres etc.

Dans tous les pays avec une production capitaliste   aussi différente soit son avancée   la bourgeoisie nationale s'imbrique depuis lors le plus étroitement avec le capital financier international dominant sans partage. Leurs investissements et flux de capitaux, le capital placé dans des machines et installations, leurs usines p.ex. dans des joint-ventures, le capital agraire etc. sont entrelacés dans un nœud quasiment indémêlable. Ceci est le motif pour lequel dans ces pays la libération nationale ainsi que la libération sociale avec la poussée principale contre la classe dominante dans le propre pays ne peuvent être accomplies qu'en lien avec le renversement à l'échelle mondiale du capital financier international dominant sans partage.

Dans le livre « L’Aube de la révolution socialiste internationale » Stefan Engel écrivit en 2011 sur les pays qui aspirent le pouvoir impérialiste :

« Afin de créer les conditions pour la construction du socialisme,les révolutionnaires doivent, dans ces pays aussi, encore résoudre des tâches de la révolution agraire et surmonter l’arriération et le manque de diversité économique et des restes féodaux, sous la direction du prolétariat industriel international en alliance avec les larges masses et des secteurs de la bourgeoisie nationale non monopolistique. ... Plus le caractère impérialiste de ces pays s’impose, plus les soulèvements révolutionnaires dans les centres industriels détermineront le caractère prolétarien de la révolution. » (p. 342)

Le caractère fondamental d'une révolution est déterminé par le degré de développement qualitatif de la société respective. Si un pays s'est transformé en pays impérialiste, c'est la préparation d'une révolution socialiste qui figure à l'ordre du jour. À cause des résidus de l'exploitation et oppression néocoloniales ou de structures féodales, de formes particulières de l'oppression nationale, raciste ou autre, cette préparation doit aller de pair avec une révolution démocratique, respectivement celle-ci doit être mise en œuvre comme première étape de la révolution socialiste.

Lénine s'opposa après la révolution de février 1917 aux objections de divers dogmatiques défendant que la révolution démocratique ne serait pas encore achevée et que par conséquent la révolution socialiste serait prématurée. En tant que critère principal, Lénine considérait la question si le pouvoir est déjà transmis aux mains d'une nouvelle classe par rapport à la règne tsariste féodale. L'aspect principal de la révolution en février 1917 consistait au « passage du pouvoir à la bourgeoisie (…) Ainsi, la révolution bourgeoise, ou démocratique bourgeoise, est terminée en Russie. » (Lénine, Œuvres t. 24, p. 34). En tant qu'aspect secondaire, des restes féodaux durent encore être surmontés. Lénine s'opposait à répéter „stupidement une formule apprise par cœur, au lieu d'étudier ce qu'il y avait d'original dans la réalité nouvelle, vivante. » (ibidem).

Si un pays est impérialiste, seule la révolution socialiste peut achever la libération démocratique. Dans « Pour le quatrième anniversaire de la révolution d'Octobre », Lénine écrit: « Nous avons résolu les problèmes de la révolution démocratique bourgeoise en passant, en cours de route, comme un 'produit accessoire' de notre principale et véritable action révolutionnaire, prolétarienne, socialiste. » (Lénine, Œuvres t. 33, p. 46) La lutte pour la libération démocratique renforce les forces de la révolution socialiste – la révolution socialiste conquiert la libération démocratique et sociale conséquente.

Il existe des objections, que dans des pays néo-impérialistes il faudrait d'abord une révolution anti-impérialiste et que la préparation de la révolution socialiste affaiblirait les forces de la lutte anti-impérialiste. Mais la dialectique des révolutions démocratique et socialiste ne peut pas être remplacée ni par un déroulement sériel métaphysique ni par une délimitation inflexible. Son interconnexion fondamentale doit être analysée et appliquée de façon créatrice conformément aux particularités du moment par une analyse concrète de la situation concrète au niveau de l'enseignement du mode de pensée. Les formes concrètes dans les pays individuels sont autant diverses que la vie elle-même. Ainsi, en Turquie néo-impérialiste sous la forme de domination du fascisme, un ordre antifasciste démocratique sous la direction de la classe ouvrière est le prochain pas sur la voie vers la révolution socialiste. La lutte pour la libération nationale du peuple kurde opprimé fait partie de ce contexte. En Afrique du Sud néo-impérialiste, la lutte pour surmonter entièrement le régime raciste d'apartheid, en Inde néo-impérialiste, le démantèlement du système féodal des castes, feront partie ou seront même le prochain pas sur la voie vers la révolution socialiste.

Aussi les formes de combat doivent être traitées de façon dialectique. La révolution d'Octobre était d'abord une insurrection armée. Mais ceci se référait seulement au renversement du pouvoir bourgeois. Après la révolution, il fallait mener une guerre de guérilla jusqu'à 1924 contre divers comtes féodaux, et une guerre de résistance anti-impérialiste contre l'attaque de plusieurs pays capitalistes et impérialistes visant à détruire le socialisme.

Sans doute, le potentiel pour l'insurrection armée de la classe ouvrière s'est beaucoup élargi et a augmenté : dû à la croissance importante de la classe ouvrière dans les pays néo-impérialistes, la prolétarisation d'autres couches de la société et la fraternisation avec la classe ouvrière de parties toujours plus larges des opprimés. L'insurrection armée se trouve en interaction dialectique avec des insurrections et luttes démocratiques, des guerres populaires temporaires etc.

La révolution socialiste internationale consiste de toute la gamme des révolutions démocratiques et socialistes et de leurs combinaisons. Les révolutionnaires du monde doivent analyser la situation respective de leur pays concrètement. Il faut repérer la dialectique concrète entre la lutte pour la démocratie et la liberté et celle pour le véritable socialisme, entre la révolution nationale et internationale. Ceci va élargir les potentiels de la révolution socialiste internationale !

Gabi Fechtner (née Gärtner), présidente du MLPD

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